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Quelles valeurs le sport et le dépassement physique peuvent-ils inspirer à un dirigeant d’entreprise ?

Christophe Escande est un des directeurs du groupe Pôle Impression, en 2022 il a réalisé le GR 20 en Corse. Un exploit physique et mental sur lequel nous voulions revenir car il nous aide comprendre la philosophie de ce leader de l’entreprise.

Peux-tu te présenter ?

Je suis Christophe Escande. J’ai intégré une imprimerie en 1997 en tant que comptable (cette société a d’ailleurs été rachetée par l’imprimerie Delort). Je suis parti en 1999 pour monter l’imprimerie Stine, j’y suis resté 15 ans, j’étais directeur, puis j’ai monté ma propre société, Print concept, avec Laurent de Rosa comme associé et en 2019, nous avons racheté le groupe Pôle Impression pour revenir à nos sources, à savoir l’imprimerie et la création. Je suis donc passé de salarié à chef d’entreprise en un peu plus de 20 ans.

Peux-tu nous expliquer le contexte de cette expédition ?

L’expédition a été faite en 2022. C’est un grand ami qui habite à Nantes qui m’a lancé le défi de faire le GR20 avec 7 autres copains pour soutenir la ligue contre le cancer car sa fille de 22 ans, Mathilde, se bat contre cette maladie depuis ses 8 ans. Il faut savoir qu’il s’agit de la randonnée la plus difficile d’Europe qui fait 180 km du nord au sud. L’expédition avait pour but de récolter des fonds pour la ligue, on voulait se challenger, se dépasser, mais en se rapprochant aussi d’une œuvre caritative pour donner un sens à notre aventure.

randonneur escaladant un pic

Combien de temps de préparation as-tu consacré à ce projet ?

On est parti donc début juin, pour 12 jours, il faut savoir que sur le GR 20, on monte à plus de 3 000 mètres d’altitude et que les refuges ouvrent au début du mois de juin. J’ai commencé mon entraînement en faisant des randonnées au mois d’octobre de l’année précédente. J’ai marché tous les week-ends avec un sac de 15 kg sur le dos, des bâtons et tout l’équipement. Je faisais environ 30 km par week-end, j’ai donc fait environ 600 km de randonnées en préparation du GR 20 !

En dehors de la lutte contre le cancer, quel a été ton principal moteur ?

C’était un défi personnel mais aussi un défi de groupe. Personnellement, j’étais plutôt bien préparé, mais dans le groupe, il y avait des gens qui étaient beaucoup moins physiques avec notamment un copain qui fait plus de 110 kg et qui n’est pas vraiment sportif. Il y avait aussi un autre copain, Jacky, qui venait de fêter ses 68 ans.

Qu’est-ce qui t’a paru le plus difficile dans cette expérience ?

Le plus difficile, ça a été le mental ! Sur le GR 20 on ne calcule pas les étapes en kilomètres mais en temps. Certaines étapes faisaient 8 km, d’autres 17, mais sur une étape de 8 km, on pouvait mettre jusqu’à 14 heures de marche. On partait à 4 h du matin avec nos frontales et, parfois, on arrivait après 19 h. Donc c’est surtout le mental qui nous tenait. Le papa à l’initiative de la randonnée n’était pas le plus sportif par contre, il avait un mental d’acier. Comme il le faisait pour sa fille, il n’a jamais craqué. Rien que ça, ça nous a emmené à nous dépasser et ça nous a donné une sacrée leçon de vie. Il nous a beaucoup aidé à tenir. Son mental nous a tous impressionnés et on n’y serait pas forcément arrivés s’il n’avait pas été là.

 

Comme pour une entreprise, il faut savoir privilégier
le groupe sans jamais laisser qui que ce soit sur le bord du chemin.

 

En tant que chef d’entreprise, y a-t-il des aspects de l’expérience qui font écho à ton management ou, en tout cas, à des situations professionnelles ?

Beaucoup. C’est vrai que Laurent (mon associé) et moi attachons beaucoup d’importance à l’humain. Quand on s’est regroupés en Corse pour commencer le défi, je ne connaissais pas tous les membres du groupe et naturellement, au fil des jours de marche, on s’est en quelque sorte “reconnus”. Humainement ça s’est hyper bien passé. La personne qui nous a réunis, connaissait tout le monde et il savait qu’il ne se trompait pas, que tout allait bien matcher autant physiquement que mentalement. Le but de base n’était pas une course, mais de passer la ligne d’arrivée tous ensemble avec chacun nos problèmes. À un moment, il y en a un qui a failli craquer, on s’est tout de suite organisés pour le soutenir, on lui a porté son sac, on l’a motivé. À aucun moment, il n’a été question de laisser tomber ! Ça a été un vrai moment de partage et ça nous a soudés à jamais. Côté émotionnel, ça a été extrêmement fort, j’en ai encore des frissons quand j’en parle ! C’est à l’image de la vie d’une entreprise, dans le sens où pour atteindre des objectifs, il faut savoir privilégier le groupe sans jamais laisser qui que ce soit sur le bord du chemin.

 

Un vrai moment de partage et
ça nous a soudés à jamais.


As-tu un souvenir en particulier qui t’a marqué ou que tu gardes précieusement en mémoire ?

Lorsque Jacky, 68 ans, n’en pouvait plus – il faut savoir qu’il a une hanche en plastique ! C’est à partir de ce moment-là que le groupe a vécu des moments très forts avec lui pour lui permettre d’arriver jusqu’au bout. Quand on a passé la ligne d’arrivée aussi, on a eu la surprise d’être accueillis par les membres corses de la ligue contre le cancer. Ça aussi, ça a été un moment incroyable. On avait ouvert une cagnotte de février à juin et on a réussi à récolter 4 500 euros. Quand on est arrivé, on a pu leur faire la remise de chèque symbolique, ça a été une immense fierté pour nous d’abord d’y arriver et ensuite de contribuer à notre petit niveau à cette lutte. C’est une goutte d’eau bien sûr, mais pour nous, c’était vraiment important !

Si tu devais donner un conseil à quelqu’un qui s’apprête à réaliser une expédition similaire, ça serait quoi ?

Se préparer surtout mentalement ! Physiquement, c’est important aussi, mais finalement ce qui change la donne, c’est le mental. Il faut savoir que sur dix personnes qui tentent cette traversée, six abandonnent du fait de la difficulté. Et on les comprend ! En juin, on s’est pris la neige, il y a des difficultés tous les jours, c’est dangereux, il y a des dénivelés de plusieurs milliers de mètres, c’est extrêmement difficile. Mais ça vaut le coup ! C’est une des plus belles aventures humaines à laquelle j’ai pu participer et ce que je retiens, c’est cette dimension humaine justement, cette cohésion nécessaire et la complémentarité de tous les membres du groupe, comme dans notre entreprise en fait. On a développé un système d’entraide entre nous, que je n’oublierai jamais !

ligue contre le cancer
don.ligue-cancer.net

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