Jean-Michel, graphiste illustrateur au sein de notre studio, a entre autres passions la bande dessinée. Un univers qu’il affectionne depuis l’enfance et qui lui a donné le goût de l’illustration, activité qu’il exerce à l’occasion en créant des personnages et des univers proches de la BD. Pour le mag, il nous fait part de 5 albums qu’il a lus dernièrement et qui méritent le détour…
L’arabe du Futur de Riad Sattouf
« Pendant le confinement, un bon ami m’a prêté les tomes de ce récit autobiographique. Ce fut une excellente lecture, avec ou sans masque ! Mais rien d’étonnant puisque cet ouvrage a reçu de très nombreux prix, amplement mérités.
Riad Sattouf nous parle de son enfance dans les années 80 : né d’un père syrien et d’une mère bretonne, il est ballotté entre deux cultures, française et arabe. Riad grandit en Libye, il a de beaux cheveux blonds, une différence pas facile à vivre… Comme son père a été nommé professeur à Tripoli, toute la famille l’accompagne et doit se confronter à la dureté de la vie traditionnelle. Issu
d’un milieu pauvre, ce père veut réussir, mais rêve d’élever ses enfants dans la tradition et le culte des grands dictateurs arabes.
Un formidable récit intime qui nous plonge dans la jeunesse de l’auteur, partagée entre deux mondes. À lire absolument, évidemment. »
Les vieux fourneaux de Wilfrid Lupano et Paul Cauuet
“Belle découverte pour moi, il y a quelques mois, Les Vieux Fourneaux ont pourtant commencé à paraître en 2014 et comptent à ce jour six tomes. Chacun retrace le parcours de trois vieux amis d’enfance, Pierrot, Mimile et Antoine qui ont dépassé les 70 ans. Un sacré caractère, les
trois “vieux fous” ont vécu leur vie en rébellion contre toute autorité.
Et ce n’est pas fini, au contraire… À chaque tome ou presque, le récit est axé sur un des personnages, sa jeunesse mouvementée, ses secrets, son combat politique, toujours mené à plus de 70 ans avec hargne et décrit avec beaucoup d’humour. Pour autant, les auteurs n’oublient pas d’évoquer plus sérieusement les dérives d’un monde moderne et capitaliste, une évolution faisant fi de toute humanité.
Une série originale très bien écrite, très bien dessinée, bien plus subtile qu’il n’y paraît… Adaptée au cinéma, et à lire avec des lunettes à double foyer. »
Blacksad de Díaz Canales et Guarnido
“Chef-d’œuvre de la bande dessinée, tant par le dessin exceptionnel que par la narration qui vous plonge dans une atmosphère de film noir, aux États-Unis et dans les années 50. Tous les personnages ont des corps humains et des têtes d’animaux, et chacun a plus ou moins un
statut dans la société en fonction de son espèce. Le héros, John Blacksad, est un chat noir exerçant le métier de détective privé. Meurtres, corruption, violences, l’atmosphère
sombre du polar est parfaitement retranscrite, servie par un dessin impressionnant et une mise en couleurs à l’aquarelle magnifique. Il aura fallu un énorme travail de sept ans pour que paraisse en 2000 le premier tome “Quelque part entre les ombres”. Le cinquième tome de la série, Amarillo, paraît fin 2013 et le dernier est paru l’année dernière. Les auteurs ont reçu plus de trente prix pour cette série, qu’il faut obligatoirement avoir lue, voire posséder dans sa bibliothèque ou sur sa table de chevet.
Goldorak de Dorison, Bajram, Cossu, Sentenac, Guillo.
“43 ans après la première diffusion de Goldorak à la télévision, cinq enfants sont devenus des auteurs de bande dessinée reconnus, passionnés, bosseurs et un peu fous, et ils ont obtenu
de l’auteur original, M. GŌ NAGAI, la permission d’adapter ce personnage mythique. Pourquoi cinq artistes scénaristes, dessinateurs, coloristes travaillent de concert sur un album de BD ? Pour créer sans doute un album cinq fois plus beau, cinq fois plus exigeant, cinq fois plus respectueux de l’œuvre originale… Dès lors, je vous invite à commencer par la fin de l’album, à l’épilogue, “Dans l’atelier de GOLDORAK”, où il est évoqué le travail de titan des dessinateurs, leurs pages d’essais, le story-board, le dessin, l’encrage, la couleur, qu’ils ont revu une fois, deux fois, trois fois… Bref, des “fans absolus”, et des planches sublimes, dont on ne peut critiquer qu’une seule chose : le for-
mat. Car cet album aurait mérité une impression en 4×3 ! À découvrir, et à posséder forcément.
Caraïbes de Pellejero et Zentner
“Je triche un peu, ce n’est pas une BD que « j’ai lue dernièrement » comme il est écrit dans l’introduction, cela fait plus de 20 ans que j’ai découvert le personnage de Dieter Lumpen. Et
même si la création de cette série date, je veux la partager, c’est tellement bien ! C’est donc en 1985 que Rubén Pellejero et Jorge Zentner dessinent le premier album de la série “Dieter
Lumpen”, qui marque le retour de la grande aventure dans l’ambiance des années 40. Sur l’album “Caraïbes”, il y a plusieurs histoires écrites avec beaucoup de finesse, servies par un dessin d’une élégance folle, un très bel encrage “hispanisant”, une mise en couleurs sublime. Et c’est un réel plaisir de suivre les aventures de ce héros très humain… Foncez ! Depuis, et après plusieurs albums, Jorge Zentner a repris le personnage de Corto Maltese par Hugo Pratt. C’est dire combien le monsieur est ta- lentueux… Si vous aimez la BD, c’est un incontournable. Si vous voulez l’aimer, c’est un incontournable. Voilà !